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kopf
23 mars 2007

La suspension de lune

7243820_mLa suspension de lune

Un salon désert. Nulle présence sauf elle. Elle était là, elle coulait du plafond solitaire, flamboyante et si fragile aussi. Sa splendeur sans fard dominait l'espace. À elle seule, elle habillait le lieu. Elle m'avait enveloppée de sa douceur inquiétante. J'étais fascinée. Suspendue par des filins blancs, elle dansait immobile dans sa clarté brumeuse de crépuscule. Des cylindres de métal inoxydables l'entouraient, la protégeaient et lui donnait une raideur un peu hautaine. Ils se mirent à tournoyer lentement. Puis, entraînés par les sphères de résine transparentes où des filaments sans couleur se croisaient et s'entrecroisaient à l'infini, les lampes prisonnières firent jaillir des rayons obliques, des étincelles pâles de croissants de lune. La suspension s'envolait. Six oiseaux ouatés, venus de nulle part, se cognaient sans s'effleurer dans le silence opaque.

J'étais captive. Je valsais dans les sphères, je tanguais sur une musique langoureuse puis endiablée qui me transportait ailleurs, si loin, si proche. Et je m'échappais de la lourdeur du présent vers un je ne sais où. J'étais devenue balle, puis bille, puis simple éclat de pluie, gouttes à facettes qui scintillait dans la nudité frissonnante du salon, puis particule, puis plus rien. Elle m'avait engloutie dans sa nébuleuse. Je devenais absence.

Pierrette Epsztein-5 mars-16 mars 2007.

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