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kopf

26 avril 2007

Envolée à Acapulco

10591515_m Le garçon verse le café. Noir, brillant. Au fond des faïences blanches. La ronde des tasses fume. Et déjà, Les oiseaux aux plumages colorés, esquissés, volètent entre les joncs et les herbes bleues. Leurs plumes se défroissent, remuent l’air, soufflent les pétales puis se reposent comme les éventails fatigués. Juste le temps d’observer les drôles de billes noires qui nous regardent. Des yeux vifs, impatients, pétillants. Le tournesol ensoleillé se tend vers la lumière, cligne des paupières, invite à l’envol. Quelle malice prépare-t-il ? Le café dégusté. Les tasses autour de la cafetière élancée. Et là, Un dernier battement d’aile. Les tasses blanches. Plus rien. Silence. De minuscules duvets descendent sur la table du café. Odile Mora- mars 2007 Le service à café « Acapulco « dans la boutique de Frédéric ?
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26 avril 2007

Empreinte

FANNYJe pêche dans une corbeille un étrange carré de lin. Accroché en lumière, élégant, délicat et nuageux, chiffonné par un subtil amidonnage, il retrouve sa dignité, frissonne encore comme un papillon épinglé par un collectionneur. Il porte les empreintes du chapiteau d’une vieille armoire et, d’une spirale serpentine veinée de touches noires et blanches. Ses bords non ourlés, libres, se hérissent. Il ne filtre plus la lumière mais absorbe mon regard, le retient. Je l’appréhende en faisant des détours, le pense voile, tenu par une main émue. Je vois une menotte tendue à la rencontre du visage de sa mère. Non rien d’attendu ! Je me perds dans ses plis, ses creux. Les vagues m’emportent, me bercent dans leurs ressacs, elles pourraient se refermer sur moi. Je me hasarde sur les bords, je crains qu’ils ne s’effritent. La volute me fait un clin d’œil, m’aspire. Et, je l’entends. Il crie, se raconte à moi, me dit « qu’il a germé dans une terre lointaine, ses fleurs bleues, contrastées avec de rouges coquelicots furent un hommage à la nature. Séché, tissé, malmené, ses couleurs éphémères, évanescentes se sont perdues. Il dit aussi que son tissage aérien aurait dû rester voile, qu’il a été découpé, couturé et que lui, petit carré de rien, fut abandonné « J’entends sa voix venue d’ailleurs, fantomatique. Regard absorbé dans la spirale tourbillonnante, je remercie les mains inventives de Geppetto qui lui ont redonné vie. Enroulée dans le cyclone, enlacée emportée dans les mers inconnues, je me laisse glisser. Des accélérations m’étourdissent, je ne sais plus le haut et le bas, c’est doux et angoissant, des couleurs kaléidoscopiques étoilent mes yeux. J’ai le vertige………Je reviens en m’accrochent au tissage, je grimpe au bord de la spirale, je m’assieds sur la solide arcade d’armoire et je respire en laissant mes pieds se balancer dans le vide. Monique Règnier 20 avril 2007

26 avril 2007

Objet de rêve

Sur le buffet du salon, une vase rond en verre d’une transparence bleutée ornée de strates à son extrémité trônait discrètement. Malgré d’autres objets de décoration posés à ses côtés, ce petit vase aux formes proportionnées prenait toute la place. Je ne voyais que lui. J’étais aimantée par la lumière bleue qui irradiait à travers ses parois et me plongeait dans les eaux profondes d’une mer calme. Les volutes dorées rejetées sur le bord du goulet s’emparaient de mes pensées et m’entraînaient vers un voyage au pays du Génie d’Aladin où tout devenait possible. Il contenait certainement quelques énigmes bien gardées, délivrées uniquement aux initiés. Je respirais les odeurs d’encens qu’il distillait insidieusement pour mieux me retenir, m’accaparer et me guider vers une contrée enchanteresse où la magie était permise. Sa forme ronde gonflait, se dilatait dangereusement jusqu’à tout englober et prendre le pouvoir de mes pensées. Il était d’une grâce lumineuse et secrète à la fois. Il était vase, il était parfum doux et entêtant, il était lampe tamisée et chaleureuse, il était lieu de rêve et de recueillement, il était un sésame vers la féerie d’un autre continent. Texte modélisé selon « L’habitant de Sivergue » d’Henri Bosco. Marielle QUEMENER Mars 2007.
26 avril 2007

Lumière à quatre têtes

L’applique à quatre branches était accrochée au-dessus de la cheminée. Inoffensive, banale presque. Un abat-jour à barreaux surmontait chaque branche. Le rotin était travaillé tout en courbes, tout en rondeurs élégantes. Entre les branches, se faufilaient des tiges aux extrémités pointues. Désuète, elle semblait anachronique dans ce décor moderne ; attirante et mystérieuse. Toutefois, sans raison, d’emblée je m’en méfiai. Elle était élancée, sensuelle, piquante, enivrante, présente. Pourtant, peu à peu, un malaise m’envahit. La sensation d’être observé, surveillé, menacé, fut de plus en plus forte. Cette lampe à quatre têtes devenait des tentacules aiguisées. Elle semblait m’observer, m’aveuglait, me menaçait, m’embrochait, m’emprisonnait, me réduisait à néant. Cette pieuvre à quatre têtes dansait au rythme des flammes, me défiait, m’assaillait, reculait pour mieux m’atteindre de ses morsures. Puis elle fut cerf et j’étais biche traquée ? Elle s’avançait, fondait sur moi. Face à elle je devenais une proie sans défense. Henri Bosco – L’habitant de Sivergue – 5 mars 2007 Anne Fleiter- V3

26 avril 2007

Le murmure des timbres

6616588_m Je m’étais débarrassée de mes bagages par gestes automatiques. Les lieux m’étaient connus, toutes ces chambres d’hôtel étaient les mêmes. Que l’on soit à Istanbul, Rome ou Pékin , on avait toujours la chance d’être nulle part. Allongée sur le lit, j’ouvris les yeux pour ne pas me laisser envahir par je ne sais quelle fatigue au goût de naufrage. De garde sur le mur, face au lit, un rectangle multicolore provoquait la douceur mièvre et terne de la pièce. Je m’approchais, appuyée à la table, je le détaillais de mes yeux à court de lunettes. C’était un collage de timbres, de mille origines, de couleurs et tailles diverses, leur dissemblance choquait le regard. Des princes, des sportifs, des rois, des reines, des tyrans se chevauchaient, se tutoyaient, s’accolaient, se toisaient. De si près je pouvais entendre les mots dont ils furent les passeports. De Belgique, un fringant officier à moustaches transportait les mots pudiques d’une jeune amoureuse. Seul, égaré dans les tranchées, un tendre pioupiou mentait à sa mère et dissimulait sa peur sous le regard dangereusement paternel d’un militaire cousu dans son uniforme. A Venise, un gondolier attendait près de sa gondole, les jeunes mariés s’agaçaient déjà – enfin tu peux bien mettre un mot à mes parents - . Que pouvait bien annoncer ce sportif élancé depuis l’URSSS ? un bonheur pour demain sur un présent hasardeux. Et cet ouvrier penché sur son établi ? un fils rassurait ses parents, les grèves ne sont pas si terribles, nous avons raison de lutter. Sur fond rouge et or, un drakkar attendait le départ, prêt à tout pour déposer le message d’ un impétueux décrivant à sa belle, les vastes mers de tendresse qu’ils découvriraient ensemble. Depuis la basilique de Lourdes, enrubanné dans un océan de cierges un espoir désespéré psalmodiait sa souffrance. Une Marianne, le bonnet de travers emportait l’ébahissement d’un jeune étudiant –chers parents, quelle belle ville que Paris, je me promène le long de la Seine, hier dimanche je suis allé dans un café, j’y ai même vu des femmes qui fumaient ! De Berlin, un homme à l’écriture crispée finissait sa lettre à son frère ? pouvait-il venir à Paris avec sa famille, ici les jours semblaient si bruns et les nuits si rouges ? il prenait le timbre, crachait dessus et d’un poing rageur et impuissant collait le maître du Reich sur l’enveloppe. Monaco, de ses mains raidis à triturer les jetons ,un joueur s’accrochait à une fontaine et ses yeux fatigués confondaient encore papier et tapis vert ? Lui jure-t-il qu’il va arrêter ? qu’il l’aime trop pour gâcher sa vie ? En retour, une énorme cloche disgracieuse sonnait le glas de ses bonnes résolutions. Trop tard, j’en aime un autre. Le lion belge, debout sur ses pattes arrières ressemblait à un caniche savant qui aurait perdu son ballon, que disait- il ? Rien, les lions sont muets surtout quand on les a fait fondre. Echappée du Congo, une statue africaine apportait les nouvelles glorieuses d’un civilisateur conscient de sa mission - le pays est beau, les gens sont fiers d’apprendre ! - Des enfants en visite s’essoufflaient sur une carte postale. On a vu le défilé royal, le carrosse, les gardes, les chevaux, on a tout vu, on était au premier rang. Et pour preuve ils piétinaient à la poste principale pour acheter le petit carré rouge dans lequel on avait finement encadré le couple royal. Pas très loin des ruines de l’Abbaye Saint Wandrille, le père se mettait à son bureau – Cher fils, et où as-tu été exactement, ce dimanche, pour rencontrer des femmes qui fument ? Post Sriptum – je n’ai pas lu ta lettre à ta mère - Des avions passèrent en rase mottes, et leurs hélices soulevèrent toutes les pages, les voix réveillées grondèrent toutes ensemble. Les mères parlaient aux enfants trop loin partis, à leur filles mal mariées, à leurs maris silencieux. Les promis à leurs promises, les plus jeunes aux vieillards qui secouaient la tête en écoutant, la guerre avait bouffé tout le monde. Que Dieu nous garde celui-la. Des oncles roublards s’inventaient des conquêtes dans des pays soumis et leurs nièces, revêtues de rêve de robes tournaient en secret devant les miroirs. Un jour, un jour …., elles collaient sur l’enveloppe un jeune premier. Message codé – mon oncle, vois-tu celui que j’attends ?- Les cris des ces écrits si longtemps enfermés traversaient la chambre, cognaient contre les murs et m’étourdissaient de leurs sentiments emmêlés. Reviens…, tu m’aimes…, tu me manques…, Maman est au plus mal…, comment t’oublier ?…, il n’y a plus d’hommes, comment faire la moisson ?…, le Père est parti à la foire, nos bêtes sont les plus belles,…, reviens…, quand cette guerre va-t-elle finir… ? je n’attends que notre mariage, rien ne compte plus que toi …. Trop près du tableau, devenue chambre d’écho, je souffrais, j’espérais, je riais, j’attendais mon amour, je le quittais sur un quai de gare, accrochée à la foule, j’attendais moi aussi le carrosse royal…….. , je m’éloignai vivement de ces voix désaccordées, détimbrées. De quelques pas plus loin, le tableau laissait voir des vagues de couleur successives, bruns clairs ou foncé en un premier cercle puis verts et bleus parsemés de gris qui dessinaient en majeur une tache rouge orangé, un visage ? un pays ? Je ne reconnaissais pas. Posé au centre de cette corolle vivace, un carré gris perle irradiait comme un diamant posé sur un coussin de satin éclatant. Je revins à la table, mains appuyées sur le mur, j’encadrais le tableau, je dévisageais une dame blanche au port de reine dans son écrin de papier. Elle me regardait légèrement de profil et se laissait admirer. Un diadème ou bandeau blanc dégageait son front et laissait voir deux rouleaux de chevelure noire. Seule une reine savait s’offrir un visage aussi parfait. Aucun peintre aussi courtisan et talentueux qu’il soit n’aurait assez d’agilité pour équilibrer si justement l’arrête d’un nez, la minceur des lèvres et la rêverie du regard. Deux rangs de perles signaient la délicatesse de son cou et la tranquillité sereine de son décolleté. Elle était envoûtante. Un air d’opéra remonta à mes oreilles Prenez garde, la Dame Blanche vous regarde La Dame Blanche vous entend Je reculais, les mots s’étaient à nouveau endormis derrière leurs rideaux dentelés, je retrouvais mon chagrin. Je n’avais personne à qui l’écrire. Prenez garde !    Anne Baud

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23 mars 2007

La suspension de lune

7243820_mLa suspension de lune

Un salon désert. Nulle présence sauf elle. Elle était là, elle coulait du plafond solitaire, flamboyante et si fragile aussi. Sa splendeur sans fard dominait l'espace. À elle seule, elle habillait le lieu. Elle m'avait enveloppée de sa douceur inquiétante. J'étais fascinée. Suspendue par des filins blancs, elle dansait immobile dans sa clarté brumeuse de crépuscule. Des cylindres de métal inoxydables l'entouraient, la protégeaient et lui donnait une raideur un peu hautaine. Ils se mirent à tournoyer lentement. Puis, entraînés par les sphères de résine transparentes où des filaments sans couleur se croisaient et s'entrecroisaient à l'infini, les lampes prisonnières firent jaillir des rayons obliques, des étincelles pâles de croissants de lune. La suspension s'envolait. Six oiseaux ouatés, venus de nulle part, se cognaient sans s'effleurer dans le silence opaque.

J'étais captive. Je valsais dans les sphères, je tanguais sur une musique langoureuse puis endiablée qui me transportait ailleurs, si loin, si proche. Et je m'échappais de la lourdeur du présent vers un je ne sais où. J'étais devenue balle, puis bille, puis simple éclat de pluie, gouttes à facettes qui scintillait dans la nudité frissonnante du salon, puis particule, puis plus rien. Elle m'avait engloutie dans sa nébuleuse. Je devenais absence.

Pierrette Epsztein-5 mars-16 mars 2007.

22 mars 2007

La caverne d’Ali Baba

Atelier de formation à l’écriture tisserands des mots

La caverne d’Ali Baba

C’était rue Lamarck. C’était au mois de mars. C’était une heure entre chien et loup. Le groupe des écrivants descendait l’escalier de l’immeuble en riant. Poucette et ses sœurs allaient poser leurs cailloux. Elles étaient toutes à l’âge où l’on attend sans attendre. L’âge raisonnable où l’on accepte la surprise. Avant de quitter le nid chaud du entre- soi, elles avaient lu et démonté un extrait de L’habitant de Sivergue d’Henri Bosco. Elles avaient été surprises. Elles savaient toutes se laisser surprendre. Et c’est pour cela qu’elles étaient réunies. Elles avaient échangé leur lecture et chaque singularité en s’additionnant  avait ouvert les portes du sens. Poucette avait caché dans sa poche à secrets les cailloux de contraintes qui allaient autoriser  le chemin d’écriture. Pierres de mots, de musique et de syntaxe.

Porte fermée à clef. Embarquement pour un voyage immobile dans l’imaginaire. Légère inquiétude et confiance aussi. La rue est traversée. Entrée dans la caverne D’Ali Baba. L’espace est chaleureux, divers, étrange aussi, empli d’imprévu. Tranquille ou du moins il le semble, Aladin les invite, silencieux, un sourire étonné et ouvert aux lèvres. Lampe magique, lieu magique, grotte aux mille trésors.  Éparpillement des sœurs, pépiements d’oiseaux. Puis le silence. Maintenant, il s’agissait pour chacune de contourner, de dépasser, de vaincre, d’apprivoiser la peur. Choisir un objet celui qui capte et parle à l’œil. Poucette sort les consignes de sa poche. Une liste : dix noms, dix adjectifs, dix verbes qui cerneront l’objet élu. Inspiration. Chacune entrait en soi-même. De l’objet à l’œil, de l’œil à la main. Libération des énergies. Des mots ronds ou carrés, légers ou lourds, précieux en tout cas, quittaient le tiroir à rêves, flottaient dans l’air, les crayons caressaient ou effritaient le papier. Hardiesse des mots qui s’alignaient sur la feuille. Aladin observait, toujours étonné, toujours souriant, le ballet des stylos.

Expiration. Collecte faite, fragments de cristaux, trouvailles insolites, retour au nid. Assises sagement à leur place, les sœurs alignaient les mots avec sérieux, déplaçant, replaçant. Elles bâtissaient la charpente d’un futur château en Espagne ou ailleurs peu importe. L’objet vu, élu, devenait invention. Objet de papier, Le même et tout autre. Enchantement, étrangement des perceptions. Peu à peu un sens se révélait, se dévoilait, se brouillait aussi et, parsemé d’émotion, de sentiment, de souvenir enfoui, créait de l’inédit.

Échange, éclats de rire, jubilation. L’objet enflait, gonflait, devenait lumière, oiseau- poésie. Les sœurs avait défriché, labouré, semé, récolté. Un chant venait au monde. Poli, taillé, ciselé au fil des jours, le texte devint offrande à Aladin, qui restait silencieux et souriant. Un hommage à sa caverne, une offrande à sa lampe merveilleuse. Aladin les reçut tous comme un cadeau. Juste une petite lumière dans les yeux.

C’était rue Lamarck. C’était à la mi-mars, c’était une heure entre chien et loup. C’était un moment privilégié et rare où tout peut arriver, où tout devient possible par la simple grâce de la rencontre entre un auteur, un lieu, une personne, la langue, la beauté et la création.

Pierrette Epsztein

Animatrice de l’atelier de formation à l’écriture

Tisserands des mots

100 rue Lamarck

75018 Paris

        

5 septembre 2006

Sur la butte Montmartre, la boutique K.O.P.F

Sur la butte Montmartre, la boutique K.O.P.F marie la

décoration des années 50 à 70 avec les oeuvres de créateurs

contemporains. K.O.P.F défend la pièce unique et le travail sur-mesure.

Chez KOPF, Frédéric BONNEAU et Pol PIRLOT, les fondateurs de la boutique, présentent :
o des pièces soigneusement sélectionnées et restaurées, tout droit sorties des intérieurs et bureaux des années 50, 60 et 70.
o Marianne VISSIERE qui façonne à la main des céramiques en raku, en exclusivité chez K.O.P.F .
o EBANO avec son mobilier et ses bijoux de bois précieux envisagés comme des sculptures.
o Fanni CHAMBAS qui peint et estampille des bandes de PVC ou des pièces de lin.
o LUC LAURKA et ses bijoux de cuir et d’argent.
o les créations de l’atelier : K.O.P.F signe aussi des luminaires, des abat-jours …

Avec

un véritable souci de la qualité et du service, un choix exigeant, une

bonne connaissance des techniques de l’artisanat et la souplesse du

sur-mesure, KOPF propose un univers original, pointu et éclectique.

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